Aaron Sean Rockswell [Finie]

Le silence se fait pesant dans la chambre. C'est vrai qu'il ne m'a jamais vu, et il n'essaie pas de parler. Je lui fait un bref sourire avant de sortir de la pièce. Il faut que j'ai au moins un renseignement de plus le concernant, je ne peux pas m'en charger sinon... Je peux essayer bien sûr, mais il ne risquera pas de sortir d'ici. J'interpelle un collègue que j'ai vu sortir il y a peu de la chambre.

-Bonjour. Tu peux me dire comment ça se fait qu'il soit là, celui dans la chambre là-bas, Aaron ?
-Je sais pas vraiment, il était tout seul, pas de parents. Et il refuse d'en parler. Personne n'est venu pour demander, et tout ce qu'il a dit, c'est qu'il pouvait se débrouiller seul dehors. Donc... Comme il était quand même dans un sale état en arrivant, on le garde.
-Sale état ?
-Ouais, du sang, quelques blessures, conneries comme ça quoi. Et un bras cassé.

Il me laisse pour une opération. Donc si je comprends bien, il va partir en orphelinat... ? Je retourne dans la chambre, il n'a pas bougé. Son regard est méfiant, et quand je bouge, il fait de même pour maintenir une distance entre nous. Je m'assois sur le lit et le regarde. Mais qu'est-ce qu'il fait ?! J'avais lu dans le dossier que les tentatives de fuite avait été nombreuses, mais même sous le nez des personnes, il le fait ? Je le rattrape rapidement. En effet, il est pas en état de faire quoique ce soit d'aussi grand qu'une fuite. Ça va être la joie... Je le remets dans sa chambre et soupire. Il me déteste ? Je n'ai pourtant rien fait. Quoiqu'il donne cette impression à pas mal de gens.

-Aaron ?
-.....
-Sean, peut-être ?
-.....
-Où sont tes parents ?
-.....
-Bon... D'où est-ce que tu viens ?
-Ocrelieu...
-C'est vrai ?
-Oui...
-Comment c'était ?
-Bien...
-Avec tes parents ?

Là dessus il n'a plus répondu de la soirée. Il n'a pas l'air d'apprécier que l'on parle de ses parents... Je sors de la chambre pour le laisser tranquille.

[...]

Un jour, lorsque je vais le voir pour vérifier que tout aille bien. Il refuse juste de manger, me disant qu'il a soif, mais qu'il sait qui aller voir. Il refuse quand je demande de la suivre... Il n'a pas vraiment le choix, vu qu'il ne tient pas en place. Je le suis même s'il ne veut pas, je sais qu'il s'est arrangé avec un infirmier, mais pour quoi ? Je n'en sais pas plus. Au final, je me retrouve dans la salle faite pour les réserves de sang. Je les regarde sans trop comprendre. Le moment d'incompréhension ne dure que deux minutes, le temps que Aaron se mette à boire devant moi l'une des poche de sang. Je comprends mieux. S'il ne parle pas de ses parents, et pourquoi il est seul. Il a dû réussir à s'enfuir sans qu'on le remarque. Et moi, je suis dans la merde. Je ne veux pas que l'on m'accuse de complicité envers les créatures magiques. Un vampire qui plus est... Aaron me tire de mes pensées, me signalant qu'il fallait que je garde le silence, et qu'il ne voulait pas mourir. Pourquoi est-ce que l'on m'a refilé ce patient... ? Je hoche la tête et le ramène dans sa chambre. Je suis dans la merde s'il se fait découvrir... Et puis, ce serait triste.
Je vais au comptoir pour demander renseignement à la secrétaire, s'il est possible que j'adopte Sean. Étant donné qu'il est seul, ça ne pose pas de problème. Je ne lui ai pas demandé son avis, mais je ne pense pas que ça le dérangera.

Lorsque je lui annonce ça, une semaine plus tard, je vois qu'il ne sait pas comment réagir. Il a l'air heureux d'un côté, mais d'un autre, on dirait qu'il m'en veut. Après un moment, il me sourit finalement pour me remercier. C'est sûrement la première fois qu'il me sourit comme ça. Je suis celui avec qui il se comporte le mieux apparemment. Et il peut partir dès aujourd'hui, chose qui le réjouit encore plus.

[…]

Sean semble s'être bien installé dans la maison, après 6 ans... S'il n'avait pas réussi, je me serais posé des questions. Même si son temps d'adaptation a été très long, après deux ans, il essayait toujours de partir. Je ne sais pas trop pourquoi. On dirait qu'il s'en fiche de savoir qu'il sera plus en sécurité chez moi, plutôt que dehors. Enfin, maintenant il ne le fait plus, et il se comporte à peu près normalement. A peu près car il rentre parfois avec du sang sur ses vêtements, et il est inutile que je m'inquiète, c'est juste qu'il est parti « manger ». Et je peux peut-être lui poser des questions sur ce qu'il s'est passé maintenant. J'attends d'être à table pour lui en parler.

-Sean, je peux te poser une question ?
-Oui... c'est quoi ?
-A propos de pourquoi tu es arrivé à l'hôpital. Ça ne te dérange pas hein ?
-Non.

Il a beau dire non, je vois bien qu'il est encore en colère concernant ce qui est arrivé.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
-.... Bah... En fait, on arrivait à ne pas se faire remarquer avec mes parents. Enfin, c'était eux qui s'occupait de ça, mais je devais aussi faire attention. De mon côté, je ne pensais pas qu'on pourrait se faire repérer, sauf que si. Et du coup... C'est arrivé vite, je suis rentré à la maison, et il y avait des gens. Je suis resté caché pendant tout le temps de l'arrestation, en quelque sorte. Ils se sont fait tuer, la maison a été brûlée, je me suis enfui, les « tueurs » m'ont vu, j'ai réussi à m'échapper. Résumé en gros.

C'était dit rapidement. Trop rapidement. Il aurait dû dire non pour répondre.

-D'accord... Mais ça va mieux maintenant ?
-On peut dire ça...

Il n'est pas très convaincu. Mais il ne réagit plus comme avant, c'est déjà ça.

[…]

Même s'il n'est plus aussi froid qu'avant, il est toujours aussi méfiant. Pas envers moi, mais envers la plupart des gens. Il se dit rassurer avec son arme, il s'entraîne avec depuis plus de quatre ans il me semble. En tout cas, il ne la quitte jamais, c'est un peu inquiétant. Chose encore plus inquiétante, il me demande s'il peut aller vivre seul. Comme quoi il ne veut pas que j'ai des problèmes... Je suis obligé d'accepter, il a 17 ans. Enfin, il dit pouvoir se débrouiller seul.